Politique

Lodja : les journalistes refusent d’être des marionnettes des politiciens

Des échos en provenance de Lodja dans le Sankuru indiquent que les journalistes de cette partie du pays se sont retrouvés le 11 octobre dernier pour discuter de l’exercice responsable de leur métier avant, pendant et après les élections. Les assises du genre se sont tenues il y a cinq ou dix ans dans cette province. Cette rencontre a été organisée par l’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA) et axé sur le thème du traitement de l’information électorale par la presse du territoire de Lodja.

L’atelier s’est déroulé à la grande salle de l’hôtel San Palace. M. André Kunga Yamba, représentant de l’Administrateur du territoire de Lodja, a ouvert solennellement l’atelier en appelant les médias de Lodja à puiser les informations à la source pendant les élections et à s’abstenir de l’infox provenant des réseaux sociaux.

A son tour, M. François Lendo Dikola, point focal de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC/Lodja) a planché sur la problématique de la liberté de la presse dans ce territoire.  Il a expliqué que les atteintes à la liberté de presse au Sankuru sont multiformes sans les énumérer de façon détaillée évoquant uniquement son seul cas où il a été empêché de voyager. Une dizaine des journalistes a été interpellée ou menacée entre 2018 et 2021, les auteurs sont soit les forces de l’ordre ou des hommes politiques.  Les causes des atteintes à la liberté de la presse sont le déséquilibre dans la représentation politique et l’intolérance face à la critique des médias.  Il a aussi déploré le non-respect de la loi, du Code d’éthique, l’insuffisance de formation et la corruption qui entament aussi la crédibilité des professionnels des médias de Lodja. Pour le point focal de l’UNPC, le meilleur garant de la liberté de presse demeure le sens de responsabilité du journaliste.

Le représentant du chef de division Pierre Bono Emakitshi est revenu à la charge pour expliquer le rôle du journaliste qui est d’informer, divertir et de sensibiliser la population. Il a déploré le fait que le travail de la presse à Lodja est caractérisé par le triomphalisme, les attaques personnelles et les règlements de compte par la voie des ondes plongeant la population auditrice dans la distraction. Lodja compte onze radios dont une officielle (RTNC), deux radios religieuses, huit radios privées et communautaires ainsi que l’agence congolaise de presse.  Il a émis le vœu de voir ces médias contribuer efficacement au succès de l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs.

3 journalistes des radios de Lodja

André Kunga Yamba a aussi évoqué l’imbroglio qui règne au sein de la corporation des journalistes de cette contrée laquelle met l’administration territoriale en difficulté de traiter avec les journalistes. Il a aussi évoqué la faiblesse de cette administration à cause de plusieurs immixtions des hommes politiques de la contrée.

Pour sa part, M.Eldo Kabeya, chef d’Antenne de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a parlé de bonnes et mauvaises expériences de la couverture médiatique des processus électoraux passés à Lodja. Selon lui, la couverture médiatique en 2006 était marquée par l’impératif de paix et de cohésion sociale. Le nombre des médias était réduit et ne dépassait pas trois. En 2011, il note une dimension des conflits exacerbés entre différents médias. En 2018, les points forts sont entre autres le foisonnement des médias, la montée exponentielle de la couverture médiatique, l’enrichissements des débats médiatiques sur la répartition des sièges, la notion du seuil, et la machine à voter. Quelques égarements ont été aussi enregistrés.  Il a terminé en disant que le journaliste qui refuse de s’informer et d’être formé, a décidé de mourir professionnellement.

Enfin, Me Benoît Dandja Ahoka, président de la société civile forces vives du Sankuru, a jeté un regard critique sur le travail de la presse locale. Il a déploré la dérive de cette presse qui est endémique et caricaturale. Les journalistes ou mieux les animateurs des radios locales exercent leur profession sans observance des règles déontologiques. Ils s’illustrent dans les critiques obscènes, des injures et des diffamations. Ils sont généralement au service des individus et non de la communauté. Ils sont recrutés et engagés sans aucun critère et sans formation. Les causes endogènes qui sont à la base de cette dérive sont le manque de formation, d’encadrement, de compétence. Et les causes exogènes sont les manipulations politiciennes. Le représentant de la société civile est aussi revenu sur les dissensions qui secouent cette structure, martelant que seule la société civile dirigé par lui détient des documents légaux. Après les communications et échanges, les participants se sont scindés en deux groupes de travail pour émettre de pertinentes recommandations telles que la réunification de tous les courants de la corporation, la renonciation à certaines pratiques qui ternissent l’image du professionnel de Lodja, la multiplication des ateliers de renforcement des capacités, etc.

M. Kabongo Mbuyi, secrétaire exécutif de OLPA a martelé sur l’unité du corps des journalistes au Sankuru afin d’être des interlocuteurs valeurs. Il a appelé les courant de Wembonyama, de Lambert et du point focal de l’UNPC à se mettre ensemble et à travailler pour le développement de la profession au Sankuru. Des brevets de participation ont été remis aux journalistes qui ont émis le vœu de vœu de voir OLPA revenir en province pour une nouvelle rencontre.

Hope Bwanga

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