Dans sa récente sortie médiatique, l’ONG OLPA (Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique ) par le biais de son bureau de coordination basé à Goma, n’arrive pas à comprendre les fortes pressions exercées sur les radios de Rutshuru tant par le régulateur public des médias que par les responsables rebelles de M23. Les acteurs des médias se retrouvent entre le marteau et l’enclume.
Ci-dessous l’intégralité de la déclaration du 16 février dernier. OLPA, ONG de défense et de promotion de la liberté de presse, exprime sa vive préoccupation sur les fortes pressions exercées sur les médias émettant à Rutshuru, à plus de 60 kms de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Des responsables de radio télévision communautaire Horizon (RTC Horizon), radio communautaire Ushirika (RACOU), radio Alliance, radio la Vérité, radio télévision évangélique pour le développement Hermon (RTEDH) et radio Union pour la paix et la promotion des droits de l’enfant (UPDECO) ont été convoqués, le 14 février 2023, au bureau de l’administration du territoire de Rutshuru par MM. Willy Ngoma, Lawress Kanyuka et Sukaka respectivement porte-parole militaire, porte-parole chargé des questions politiques et coordonnateur adjoint chargé des renseignements du M23 (Mouvement du 23 mars), groupe rebelle soutenu par le Rwanda et qui occupe plusieurs localités du Nord-Kivu. Ces derniers ont intimé l’ordre aux responsables des médias de ne plus relayer les programmes de la radio Top Congo FM, émettant depuis Kinshasa, pour une durée de 60 jours. Ils ont également interdit la diffusion d’une émission dénommée Sauti ya wahami (la voix des déplacés) produite par des journalistes ayant fui Rutshuru pour Goma, laquelle est axée sur la situation des déplacés de guerre dans les camps.
Le M23 soutient que les programmes suspendus inciteraient à la haine. Les responsables du mouvement rebelle ont aussi imposé aux médias locaux d’accorder une heure d’antenne hebdomadaire à des fins de propagande. Tous les participants à la réunion ont été contraints de signer un acte d’engagement sous peine de représailles.
En outre, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), instance publique de régulation des médias, a dans un communiqué du 15 février 2023, mis en garde les médias de Rutshuru promettant des sanctions contre ceux qui disposeraient du temps pour que M23 passe les messages de haine, de désobéissance civile ou d’insurrection.
Au regard de ce qui précède, OLPA condamne vigoureusement ces pressions à l’endroit des médias de Rutshuru. Il s’agit manifestement d’une atteinte grave au droit d’informer et d’être informé garanti par la loi congolaise et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme.
En outre, OLPA est stupéfait par la mise en garde du CSAC à l’endroit des médias évoluant dans une zone sous contrôle des rebelles à la gâchette facile et auteurs de plusieurs atteintes aux droits fondamentaux de l’homme dans la province.
Par voie de conséquence, OLPA appelle les responsables du M23 à cesser tout acte d’intimidations envers les médias et à favoriser l’exercice de la liberté de la presse dans les zones occupées.
Hope Bw.
